26/01/2022
Tchad

Situation extrême encore aggravée par la crise climatique

Endémique au Tchad, la malnutrition touche particulièrement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes et allaitantes. Dans cette région du Sahel, particulièrement vulnérable au changement climatique, le manque de pluie exacerbe une situation déjà catastrophique. En septembre 2021, Médecins Sans Frontières (MSF) a lancé une intervention nutritionnelle dans la province tchadienne du Hadjer Lamis. L’opération faisait suite à une alerte concernant le nombre important de cas de malnutrition aiguë sévère dans la région : plus de 28 000 en 2021. En cause, les mauvaises récoltes, des régimes alimentaires inadéquats ainsi que des facteurs socioculturels, entre autres. Cette année, la situation a été exacerbée par une saison des pluies inhabituellement courte. Mais l'insécurité alimentaire n'est pas la seule préoccupation des personnes vivant dans cette région aride et inhospitalière. Pour beaucoup, le manque d'eau est un problème majeur. Sa mauvaise qualité provoque diarrhées et autres problèmes de santé, ce qui augmente le risque de malnutrition chez les enfants. Présentes dans les centres de nutrition thérapeutique de sept districts sanitaires de la province ainsi qu'à l'hôpital de Massakory, les équipes MSF se rendent également dans les villages reculés du Hadjer Lamis pour expliquer aux mères comment prévenir et détecter la malnutrition chez les enfants. Les promoteurs de santé montrent comment utiliser le bracelet MUAC - un instrument permettant de mesurer le niveau de malnutrition de l'enfant grâce à la circonférence de son bras.

La région du Sahel est considérée comme l'une des plus vulnérables au changement climatique, avec des températures en hausse, des précipitations irrégulières et une désertification croissante. Au cours des dix dernières années, les zones saharienne et sahélienne du Tchad se sont étendues de 150 kilomètres vers le sud, entraînant une réduction des zones de culture et de pâturage. Dans les villages où les équipes MSF interviennent, beaucoup de jeunes hommes sont partis pour trouver du travail dans d'autres régions du Tchad ou dans les pays voisins comme le Cameroun, le Niger et la Libye. D'autres ont emmené leur bétail dans le sud du pays, à la recherche de meilleurs pâturages. La plupart des hommes reviendront pour la prochaine période de semis. Cette migration temporaire est un mécanisme d'adaptation qui n'est pas nouveau, mais cette année, les jeunes hommes sont partis plus tôt que d'habitude en raison de la mauvaise récolte. L'alerte sur la situation à Hadjer Lamis est survenue après la phase la plus aiguë de la malnutrition, mais MSF a toutefois accueilli plus de 1 600 enfants dans des centres de nutrition thérapeutique ambulatoires au cours des 15 premières semaines d'intervention. L'équipe se prépare désormais pour l'année prochaine. "Nous craignons que le pire soit à venir, que la période de soudure commence plus tôt que d'habitude et qu'elle puisse être plus longue et plus grave, explique Ibrahim Barrie, responsable de l'équipe médicale MSF sur place. C'est une crise continue, ce n'est plus seulement une période de soudure. Alors que le financement de la nutrition et de la sécurité alimentaire au Tchad a diminué, nous avons besoin d'une meilleure réponse de l'aide pour empêcher les enfants de mourir de malnutrition."

Médecins Sans Frontières – AllAfrica